En 1996, j'ai obtenu mon diplôme de psychologue social à l'université de Bordeaux avec une spécialisation en psycho-sociologie de l'Habitat.

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En quelques mots, de quoi s'agit-il ?

Cette discipline repose sur l'interaction entre l'Individu et son Environnement bâti.

Un petit exemple pour comprendre !! 

* J'arrive chez moi dans une entrée mal éclairée, avec un papier peint défraîchi et sans rangements : il est fort probable que je pose mes affaires en vrac, que je cherche à fuir cet espace le plus vite possible  et que cela provoque une émotion du type découragement, colère, honte... ​

* J'arrive chez moi par cette même entrée désormais bien éclairée, avec une ambiance déco qui m'enchante et des rangements bien adaptés : il est fort probable que je range mes affaires à leur emplacement réservé, que cette ambiance qui me fait du bien m'infuse dès l'entrée (sans même y prêter attention) et que cela provoque une émotion du type apaisement, réconfort...

Voilà comment en transformant notre habitat, en agissant sur  l'éclairage, les couleurs, les matériaux, les formes, la disposition des pièces, ce dernier induit des réactions émotionnelles et des comportements différents.

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C'est ça l'interaction entre l'Individu et son Environnement bâti !

​Autre aspect primordial dans la psychologie de l'habitat : l'espace est porteur de nos relations.

Ah bon ? Cela signifie-t-il que si l'on agit sur l'espace, on peut également agir sur nos relations ?

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Oui, et parce que des exemples valent mieux qu'une théorie, en voici 2 :

Jules, 13 ans...

Un jour, je suis sollicitée par un couple pour travailler sur leur cuisine. Alors que nous visitons la maison, je croise Jules, leur fils de 13 ans, qui nous réserve une soupe à la grimace. Ses parents m'expliquent que les relations sont tendues avec lui depuis quelques temps. Ils mettent cela sur le compte de l'adolescence.

J'observe sa chambre et je constate que certains éléments de son enfance comme une frise avec des nounours sont encore présents dans son univers, à demi-couverts par des posters, mais toujours là . J'engage la discussion autour de la déco de sa chambre et je comprends que Jules a une demande que ses parents n'entendent pas. Il veut grandir !

Depuis, la chambre a été refaite (la cuisine aussi !) et il s'est enfin reconnu dans cette chambre d'adolescent en accord avec son identité.

Il s'est apaisé et les relations s'en sont vues améliorées.

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La famille L.

J'arrive dans une maison occupée par un couple avec 2 petites filles de 9 et 11 ans.

La demande concerne la création d'espaces de rangements. Nous faisons le tour de la maison et au fur et à mesure, je découvre une maison encombrée d'objets anciens, de jeux qui n'ont plus lieu d'être là, de vêtements qui ne servent plus, de meubles récupérés en attente d'être relookés...

Madame L. exprime sa souffrance à devoir se séparer des objets avec lesquels elle a un lien affectif comme les nombreux jeux de ses filles.

La maison étouffe et Monsieur L. aussi !!! Impuissant à amener son épouse à faire du tri, il cherche de l'aide et des solutions.

C'est dans ce contexte qu'il me demande intervenir.

Je ressens une ambiance extrêmement tendue entre eux. Nous continuons la visite pour terminer dans une pièce multi-fonctions où tout est joyeusement mélangé : classeurs de papiers administratifs, jeux des filles, objets divers et variés qu'on ne sait pas où mettre et... l'ordinateur de télé-travail de

monsieur L.

Cette pièce est occupée par tous les membres de la famille, en libre accès à tout moment et l'ordinateur est utilisé également à titre familial.

Je perçois la difficulté pour Monsieur L. à supporter cette situation. Cette pièce est la seule où il peut s'isoler parfois mais il s'y sent envahi par la masse d'objets et les irruptions inopinées.

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Il aurait besoin d'un espace à lui , sa bulle refuge où se ressourcer dans cet environnement qui ne lui convient pas.

En ayant cette possibilité de retrait, c'est une façon d'apaiser les relations avec sa femme et d'accorder moins d'importance au bazar en attendant que sa femme ait un déclic​

​Lecture de l'espace

Chaque maison porte donc son histoire et celle de ses occupants.

Très rapidement, je me suis particulièrement intéressée à l'auto-réhabilitation, c'est à dire à la rénovation d'un lieu de vie par ses habitants. Cette démarche met en lumière l'impact que cela a, tant dans la vie quotidienne qu'au niveau psychologique.

Il apparaissait que les personnes gagnaient en confiance en elles, étaient fières de ce qu'elles avaient accompli et maintenaient leur logement dans un meilleure état. Les conditions de vie s'en voyaient nettement améliorées et le rapport à leur habitat beaucoup plus positif.

En 1998, je suis rentrée chez Gironde Habitat où j'ai travaillé pendant 10 ans, en tant que chargée de développement social.

J'y ai appris le travail collaboratif, l'accompagnement, la relation à l'autre, et expérimenté l'impact psychologique de l'habitat.

Mais il me manquait la partie créative de la transformation intérieure.

Alors... je suis repartie en formation !